Matt Berninger fait partie de ces artistes dont la source d’inspiration ne saurait se tarir. Pour preuve, rien que pour 2023, sa formation The National a sorti coup sur coup deux albums studio, First Two Pages Of Frankenstein et Laugh Track pour mémoire, sans compter un album live de 21 morceaux sorti en décembre 2024. Cet album avait pour titre Rome, bien évidemment captés lors d’un concert du groupe américain à Rome.
C’est cette fois en solo que Matt revient, cinq ans après son album Serpentine Prison. Ce second effort solo du songwriter américain, paru le 30 mai dernier, s’intitule Get Sunk.
Un album moins folk et plus pop.
Si Serpentine Prison se voulait intégralement folk, Get Sunk suit une toute autre route et se tourne vers des sonorités plus pop: davantage d’orchestration avec un apport non négligeable de guitares électriques et de batteries, plus de rythme. Bonnet Of Pins, premier single dévoilé par Matt Berninger, coche toutes ces cases. Pis même, Matt y adopte parfois une voix plus prononcée et aigûe, ce qui n’est clairement pas courant chez le leader de The National. Pourtant, sur d’autres morceaux de Get Sunk tels que Junk ou Frozen Oranges, Matt demeure le Matt que l’on connaît et qu’on apprécie, à savoir avec cette voix si chaude autant que réconfortante et veloutée.
Aux antipodes de Bonnet Of Pins, le tout récent single Inland Ocean et Nowhere Special font davantage ressortir des accents électroniques, claviers obligent. En revanche, No Love et Silver Jeep dirigent leurs pas vers des contrées plus jazzies, eu égard au piano sévissant tout au long de ces deux morceaux.
La folk conserve malgré tout un petit strapontin avec Junk et surtout Breaking Into Acting sur lequel Matt partage l’affiche avec la chanteuse Hand Habits.
De l’émotion en veux-tu en voilà.
À l’instar de son premier album solo Serpentine Prison et de nombreux morceaux de The National, Matt Berninger ne se départit pas de cette émotion si propre à lui-même, faisant son sel depuis toujours. Avec Get Sunk, les occasions de s’émouvoir sont légion, notamment sur le poignant Little By Little et sur le non moins déchirant Frozen Oranges, deux somptueuses ballades où Matt met tout son coeur à l’ouvrage, déversant sans vergogne un énorme contingent d’émotion. À l’écoute de Frozen Oranges tout comme de Little By Little, comment ne pas être nostalgique d’Eucalyptus, New Order Tee-Shirt, This Isn’t Helping avec Phoebe Bridgers ou encore de The Alcott, quatre morceaux figurant tous sur First Two Pages Of Frankenstein de The National.
Un Matt Berninger plus apaisé.
De Get Sunk, il en résulte que Matt Berninger semble avoir vaincu ses démons de malêtre et de dépression, ceux-là même qui avaient conduit à l’écriture de First Two Pages Of Frankenstein. Tropic Morning News, entre autres, sonnait pour Matt la fin d’un état de léthargie qui le paralysait moralement depuis X temps. À l’inverse, Get Sunk marque l’apaisement enfin retrouvé du songwriter new-yorkais, en dépit de cette émotion toujours aussi audible dans la voix.
Moins folk que son prédécesseur Serpentine Prison, Get Sunk n’en est pas pour autant moins réussi, comme peuvent en témoigner Frozen Oranges, Little By Little ou même Inland Ocean pourtant plus électro et orchestré. Matt a juste voulu diversifier quelque peu sa musique en solo, se rapprocher de ce qu’il propose au sein de The National et on ne saurait lui en jeter la pierre.
Get Sunk: le retour en solo différent, mais tout aussi convaincant de Matt Berninger.
Morceaux conseillés: Little By Little, Frozen Oranges, Silver Jeep, No Love.